« Cette habitation offre bien plus de lignes directrices que de restrictions […] Notre travail réserve d’ailleurs un espace important pour un aménagement libre. Au sein d’une telle harmonie, une certaine dissonance trouvera parfaitement sa place. »
“History Repeating”, apartment in Turin, is on the IDEAT – “Special Architecture”, France.
words by Annalisa Rosso
photos by Helenio Barbetta – Living Inside
Ne pas diviser les espaces. Telle était la demande des propriétaires. C’est Andrea Marcante, l’architecte du projet avec Adelaide Testa, qui le rapporte.
En la matière, tous deux avaient néanmoins des idées bien personnelles à faire valoir. Structures en métal, compartiments colorés, points de fuite et éléments graphiques ont créé une architecture dans l’architecture, élégante, confortable, novatrice…
L’appartement qui a bénéficié de leurs lumières s’est ainsi découvert un certain passé à l’esprit notamment fi fties pour mieux plonger dans l’avenir.
Une page vierge. C’est la première impression qu’ont éprouvée les architectes Andrea Marcante et Adelaide Testa lorsqu’ils ont découvert les lieux, au coeur de Turin.
« La famille Agnelli avait vécu ici avant de éménager sur les hauteurs de la ville, rappelle Adelaide Testa. Il s’agit d’un bâtiment du XIXe siècle avec une façade remarquable d’un point de vue architectural. Toutefois, cet espace est resté longtemps vide. Des travaux y avaient été réalisés il y a un moment qui avaient effacé son passé et ses origines. » C’est pourquoi un projet complet de rénovation a été entrepris. Le côté purement architectural a été réexaminé avec autant de soin que le mobilier, la décoration et les accessoires, sans parler du caractère général de l’endroit. Une restauration qui s’est transformée en une reconstitution de la personnalité des lieux. Les architectes ont procédé par étapes et toujours en partenariat avec leurs clients, un couple récemment marié. L’habitation de 160 m2 représentait, dès le début, un défi . Les pièces de vie y jouxtaient la cour intérieure tandis que les chambres à coucher étaient visibles depuis la façade principale. Loin d’être une mince affaire! « Nous avons commencé par un réaménagement complet », explique Adelaide Testa.
Deux zones distinctes aux identités claires ont ainsi été dégagées. Les pièces de nuit optimisent désormais d’autant la fonctionnalité des lieux que les combles ont été gagnés pour créer un studio et un dressing. Le grand séjour a, lui, tout de la pièce ouverte. Mais ce n’est pas tout à fait le cas ! « Les propriétaires ne voulaient pas diviser les espaces, rappelle Andrea Marcante. Nous souhaitions toutefois les défi nir à notre manière, en distinguant des secteurs pour la cuisine, la table et les canapés. De toute évidence, nous sommes parvenus à trouver des solutions en travaillant conjointement avec nos clients. Nous procédons toujours de façon collaborative, sans rien imposer. » Depuis la petite entrée fermée, une ossature métallique bifurque en direction du coin cuisine, délimitant ainsi visuellement l’espace.
Ce châssis, qui se prolonge dans d’autres lieux de vie, rend ces derniers, de la même façon, facilement identifiables une fois dans la pièce. « La notion de structure faisait défaut à ce logement. Cet apport permet aussi de souligner la perspective au travers de points de fuite qui guident les yeux là où, selon nous, l’attention doit être portée. » Dès qu’ils le peuvent, les architectes turinois se plaisent à créer ce qu’ils appellent une « architecture dans l’architecture » qui délimite dans les moindres détails des frontières intérieures. Suivant un principe de design similaire, le revêtement de la terrasse de l’appartement défi nit les différents secteurs et guide le visiteur à travers l’espace grâce à un motif bicolore qui s’incurve légèrement lorsque nécessaire. Les teintes claires sont agréables à regarder. Elles procurent une sensation accueillante, paisible et décontractée.
L’harmonie de la pièce résulte néanmoins également d’une solution stratégique. « Le projet est agencé suivant des strates verticales, révèle ainsi Andrea Marcante. Il y a trois niveaux.
Le premier correspond au mobilier, le deuxième aux structures métalliques, quant au troisième, il est constitué des moulures ornementales et des boiseries. » Grâce à ce procédé, les espaces paraissent plus grands qu’ils ne le sont en réalité. Et il est aussi possible de découvrir en détail les aspects qui évoquent le passé opulent du bâtiment. Si les moulures en plâtre et le revêtement de la terrasse semblent renaître, un examen attentif révèle néanmoins qu’il s’agit de réinterprétations exécutées avec soin. Les décors des plafonds sont décentrés par rapport à la pièce mais judicieusement placés au-dessus de la table. Le parquet arbore un dessin très contemporain. La rénovation est bien complète. « Cette habitation offre bien plus de lignes directrices que de restrictions, résume Andrea Marcante. Notre travail réserve d’ailleurs un espace important pour un aménagement libre. Au sein d’une telle harmonie, une certaine dissonance trouvera parfaitement sa place. »