AD France chose our recently completed apartment in Paris for the cover of issue n° 156, September / October 2019
Here’s the full article by Marie Kalt, with the photos by Philippe Garcia and text by Oscar Duboÿ.
“Le nouvel esprit parisien…C’est au coeur de la Rive gauche que le duo d’architectes Marcante -Testa a entièrement repensè les volumes de cet appartement, où les rèfèrences jouent le grand ècart.”
Chaque ville a ses mythes… À New York on peut habiter l’Empire State Building, mais il n’y pas autant de place pour vivre sur la Tour Eiffel à Paris par exemple. Il existe en revanche la place Saint-Sulpice, à la fois icône germanopratine côté parvis et lieu de culte côté église. À l’intérieur on croise une chapelle peinte par Delacroix et même une méridienne du XVIIIème siècle qui a beaucoup agité les pensées de Dan Brown pendant l’écriture de son Da Vinci Code. Un pedigree qu’Andrea Marcante et Adelaide Testa ont bien potassé, après avoir été recommandés par la Project manager Ashley Maddox aux propriétaires de cet appartement. « Nous faisons ces recherches pour tous les projets parce qu’elles nous permettent de trouver des liens intellectuels et de travailler sur un contexte, confirme Andrea Marcante. En l’occurrence, le côté ésotérique de l’église nous a inspiré ici, tout comme l’évocation des mondanités qui ont animé le quartier dans les années 1970 ».
Recouverts d’argile, les murs jouent les arrondis comme une excentricité seventies sortie d’Auroville, la ville-concept dédiée au culte de Siri Aurobindo et bâtie par Roger Anger du côté de Pondichéry en 1968 – la référence est assumée –, tandis que le plafond du salon n’oublie pas de citer la confrérie de Saint-Sulpice et son gnomon sous les traits d’un étrange symbole, façon rosace contemporaine. Presque paradoxal, ce double ancrage vient croiser les photos et les sculptures d’art contemporain africain, spécialité de la maitresse de maison et de sa galerie londonienne 50 Golborne. Véritable base parisienne pour expérimenter et exposer des artistes émergents, l’appartement ne devrait pas craindre le premier changement de tableau…
En revanche les meubles, eux, sont là pour rester, du moins ceux qui ont été conçus sur mesure en Italie afin de structurer les espaces et séparer par exemple le coin bureau du coin dodo dans la grande chambre. Car rien n’est jamais gratuit dans le projet, précise Adelaide Testa : « Nous nous sentons davantage architectes d’intérieur que décorateurs car le détail n’est jamais là par hasard ou dans un but exclusivement formel. Si l’aspect décoratif reste important, il faut surtout qu’il raconte ou apporte quelque chose ». Et c’est encore le cas pour cette structure centrale, pensée telle une micro architecture qui puisse faire oublier le mur porteur et déployer à la fois une entrée, une salle à manger et un salon dans un seul grand volume. Pour cela, il aura fallu détruire le dédale de petites pièces qui s’encastrait auparavant et tout refaire, avec l’aide de la directrice de chantier Renata Raimondi et un cahier des charges bien précis : maximiser l’espace, tracer des perspectives et créer des tensions capables de changer les perceptions et orienter le regard vers l’extérieur. Vers l’église bien sûr.