EMOTION VS REASON

“Émotion vers Raison”

Ou raison et sentiment, citant Jane Austen.

Une dialectique et un débat qui évoquent les règles de l’escrime, une rencontre-confrontation loyale et ouverte basée sur l’efficacité, l’éthique et la philosophie des gestes. L’image culturelle sportive, plus qu’une source d’inspiration, un thème bien nuancé, traverse le dernier projet d’Andrea Marcante et Adelaide Testa du cabinet d’architecture torinien UdA.

Le plateau de compétition est l’espace de vie pour un jeune couple de professionnels où la dimension des meubles au fort caractère émotionnel-évocateur est confrontée à la dimension architecturale, rationnelle, fonctionnaliste, conçue pour optimiser les besoins et les qualités spatiales. La composante émotionnelle émane des meubles, capables d’éveiller des sentiments et de la curiosité, pour cette atmosphère d’inachevé, d’imperfection, typique des œuvres de jeunes designers-artistes, parfois conceptuelles, sensibles aux thèmes de l’écologie, de la réutilisation et de la recherche. La rationalité des espaces et des volumes naît de la nécessité d’optimiser la lumière, les trajets, les fonctions et de donner vie à une architecture interne presque autonome et indépendante par rapport à l’enveloppe du bâtiment, un cube en verre et en métal qui semble vouloir nier toute relation avec la couverture d’un bâtiment industriel. Le volume, réparti sur deux niveaux pour un total de 120 m², fait partie de la requalification à usage résidentiel/tertiaire par un promoteur immobilier de l’ancienne usine de pneus Ceat dans le quartier Regio Parco, adjacent au centre historique de Turin. De cette prémisse et de la condition de réutilisation continue imposée par la ville à ses bâtiments, naît le désir d’introduire dans le projet des matériaux et des éléments d’ameublement issus de la récupération et de la réutilisation d’autres objets, en inversant leur sens et leur utilisation sans préjugés. La zone jour est caractérisée par une grande et haute baie vitrée d’angle qui contraste avec le volume tout aussi imposant et spectaculaire qui abrite l’escalier et une passerelle suspendue donnant sur l’espace en dessous. Le sol en pierre claire se projette à l’extérieur sur la terrasse qui devient une partie intégrante et un fond de la maison. Autre symbole d’une opposition continue entre fini et non fini, extérieur et intérieur, au-dessus et en dessous, rationnel et décoratif, nouveau et réutilisé, plein et transparent. Des oppositions qui se dissipent cependant et atteignent une sorte d’harmonie poétique lorsque les matériaux naturels tels que le bois pauvre nobilisé par la découpe en fil de scie, les tissus matériques transparents ou opaques devenant structure, le contrôle parfait des sources lumineuses, la touche incisive mais jamais envahissante de pièces à la personnalité affirmée, le vert du jardin transformé en potager biologique vertical, répondent individuellement et collectivement à ce nouveau sentiment que l’on peut appeler durable ou sensible à tout ce qui nous entoure, s’il a une valeur éthique à préserver.

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Projet d’Andrea Marcante et Adelaide Testa – UdA Architetti

Collaborateurs : Shinobu Hashimoto, Mauro Camagna

Photographe : Max Zambelli