HISTORY REPEATING

Le projet d’Andrea Marcante et d’Adelaide Testa pour la rénovation d’un appartement d’environ 160 m² au centre de Turin vise à construire une identité dans un intérieur qui, malgré l’importante façade extérieure du XIXe siècle, en est totalement dépourvu, ayant perdu ses caractéristiques distinctives contemporaines à la propriété : une tabula rasa comme point de départ pour réécrire un récit dans un équilibre délicat de citations du passé qui se répète, réinterprété et en constante évolution.

Les petites fenêtres côté rue et les hauteurs différentes des pièces imposent immédiatement une inversion par rapport à la disposition traditionnelle des fonctions principales par rapport à l’extérieur : le salon et la cuisine s’ouvrent sur la cour arborée (où les règlements d’urbanisme locaux permettent l’agrandissement des fenêtres portes/fenêtres), tandis que les chambres et les salles de bains sont placées du côté de la façade principale et partiellement en mezzanine pour créer un espace bureau et un dressing.

D’un côté, une convivialité retrouvée pour la zone jour à travers la relation avec l’extérieur, la hauteur des plafonds et les nouveaux revêtements de sol en seminato ; de l’autre, une rationalisation maximale de l’espace pour donner fonctionnalité à la zone nuit et de service. Le passage entre les deux dimensions est souligné par le volume à double hauteur de la cuisine/buanderie : une architecture dans l’architecture à partir de laquelle partent des cadres métalliques porteurs de nouvelles trajectoires visuelles mais surtout des éléments capables de diviser perceptuellement les espaces pour la convivialité, la consommation de la nourriture et sa préparation sans barrières physiques qui réduiraient l’espace, la lumière et la vue vers l’extérieur.

La division n’est pas seulement dédiée aux différentes zones au sol : le projet se stratifie en hauteur à travers 3 niveaux qui dessinent des arrière-plans différents, comme c’était autrefois courant, pour mettre en évidence, du bas vers le haut, d’abord les meubles ordonnés par le dessin des revêtements de sol en seminato, puis le système de cadres métalliques qui sont également des corps éclairés et qui génèrent des axes de lumière, et enfin les cadres en plâtre articulés à la fois au mur, où ils divisent et mettent en évidence les différentes teintes pastel des murs, et au plafond où ils rappellent les positions des meubles en dessous.

Les détails évocateurs du temps passé sont évidents : les cadres en plâtre qui, comme le seminato, semblent avoir toujours été là, mais qui, à y regarder de plus près, mettent en évidence que la décoration au plafond est décentrée par rapport à la table, le dessin du sol est clairement d’inspiration moderne, tandis que le dessin de la cuisine, au contraire, dans son caractère résolument contemporain, utilise des textures et des matériaux qui accompagnent les meubles existants tels que la table et les chaises déjà la propriété des clients.

Une maison de lumière et une maison d’ombre avec des “sauts” perceptifs entre la zone jour et la zone nuit où des parties encore vides alternent avec d’autres saturées de fonctions, et où les grandes ouvertures vers l’extérieur du salon s’opposent aux cadres “meurtrières” pour encadrer, depuis les chambres, l’allée arborée en dessous : une maison où l’avenir est aussi dans le passé s’il est filtré par le présent…just little bits of history repeating…