LIBERAMENSA “Le design entre en prison”

200 Mc - 2016

 

Les concepteurs du Restaurant Liberamensa, à l’intérieur de la Maison d’arrêt Lorusso et Cutugno (la plus grande prison du Piémont, l’ancienne prison des Vallettes de Turin), sont les architectes Andrea Marcante et Adelaide Testa, promoteurs à titre gratuit de cette initiative qui vise, à travers un engagement social concret, à introduire l’architecture d’intérieur dans un lieu « faible » par excellence, tel que la prison.

Liberamensa implique des personnes détenues à toutes les étapes de l’activité, de la préparation des repas au service à table. Destiné à l’heure du déjeuner aux utilisateurs internes, des agents de la police pénitentiaire à tous ceux qui travaillent quotidiennement dans la prison, il est ouvert au public le soir. Une occasion pour ceux qui sont “dehors” de prendre conscience de ce qui peut être “dedans” et, simultanément, une opportunité pour ceux qui “doivent rester dedans” d’avoir une véritable opportunité de formation et d’emploi.

Il s’agit, en Italie, d’un objectif unique en son genre : offrir un signe tangible de qualité environnementale à ceux qui travaillent en prison, en commençant par la rénovation d’un lieu peut-être mineur, mais, compte tenu de l’importance symbolique du partage de la nourriture, absolument central en termes de valeur d’agrégation. Et simultanément, il s’agit de sensibiliser la communauté extérieure, c’est-à-dire la ville, à l’existence même de la maison d’arrêt.

Gio Ponti écrivait, en 1957, dans Amate Architettura :

“… aimez les bons architectes modernes… exigez d’eux des écoles et des instituts magnifiques pour vos enfants, exigez d’eux des théâtres stupéfiants… pour votre culture… ils doivent faire des hospices très humains pour votre fatigue et votre vieillesse, des cliniques parfaites pour votre guérison, ils doivent également faire des prisons très civilisées, pour ceux d’entre nous qui sont malheureux…”

Si, comme le soutiennent les concepteurs, “les espaces intérieurs de chaque individu finissent par se conformer au fil du temps aux espaces extérieurs dans lesquels l’individu vit”, alors “des environnements de travail, passant la plupart du temps, nous devons exiger, comme une sorte de matrice psychologique, qu’ils soient capables de nous confirmer dans une vision positive de nous-mêmes”. Une conséquence directe de cette approche est le bien-être accru prévu pour les opérateurs, condition fondamentale non seulement pour eux-mêmes, mais aussi dans les retours d’information envers ceux qui suivent un chemin de réhabilitation.

Partant de ces considérations, le projet architectural n’entend pas effacer l’identité des lieux, mais plutôt superposer à ceux-ci un nouveau code esthétique capable de dialoguer avec les éléments préexistants et de rendre harmonieux ce qui est normalement négligé, redonnant à ces espaces de rencontre dignité et clarté.

À cette fin, rien de ce qui existait n’a été supprimé : la composition des fenêtres s’enrichit d’un écran avec des portails bidimensionnels en stratifié Abet, tandis que les grilles des barreaux sont parsemées de verre coloré de Cristal King et le sol en pavés, ainsi que le lambris aux murs, trouve une nouvelle dignité en alternance avec les surfaces en céramique de Mutina, les graphiques de Studio Fludd et les rideaux de Kvadrat.

Les meubles, en revanche, sont nouveaux : de longues tables à géométrie variable, conçues par les concepteurs, permettent de multiples combinaisons agrégatives et se complètent avec des sièges Lago d’inspiration clairement “scolaire” et d’imposants lustres en tube métallique réalisés par OM Project en collaboration avec Creative-Cables. Il en résulte un équilibre délicat entre ce qui était là et ce qui est ajouté, entre la mémoire et la proposition de conception, dans le but de “soulager” les lieux tout en les rendant à la fois sérieux et stimulants, élégants mais aussi pratiques, assurant ainsi la totale durabilité économique de l’opération de la part des personnes impliquées.

La réalisation du projet a été rendue possible grâce à la vision de la Direction de la Maison d’arrêt Lorusso et Cutugno, à l’engagement de la coopérative Ecosol qui crée des opportunités de formation et de travail depuis plus de 10 ans à l’intérieur de la prison, à la contribution fondamentale de la Compagnia di San Paolo, aux nombreuses contributions techniques, pour les matériaux et le mobilier, couvertes par d’importantes entreprises italiennes et étrangères, et enfin, mais surtout, à l’engagement des architectes Andrea Marcante et Adelaide Testa qui ont non seulement donné le projet architectural mais aussi tout l’engagement pour trouver les moyens nécessaires à sa subsistance économique, avec l’espoir que cette initiative devienne une possible “brèche” dans ce haut mur qui empêche aujourd’hui la conception d’intérieur de se mesurer précisément avec ces endroits qui en ont le plus besoin.

 

AVEC LA CONTRIBUTION DE :

 

Compagnia di San Paolo

SPONSORS TECHNIQUES :

un merci spécial à toutes les entreprises qui ont rendu possible la réalisation du projet

Abet Laminati

Creative Cables

Cristal King

Kvadrat

Lago

Mutina

Om Project

Samperio Vernici

Studio Fludd

 

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Projet architectural, supervision et production exécutive : MARCANTE-TESTA

Mise en œuvre de l’installation : coopérative Ecosol

Photographe : Carola Ripamonti, Marcello Clerico